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El Pozzolino en Amérique du sud
6 novembre 2013

Huayna Potosi

Du Vendredi 1er novembre au Dimanche 3 novembre

Alors qui c'est qui a voulu jouer au grand en essayant de se faire un sommet à 6088m ? C'est bibi ! Bon, inutile de préciser que j'ai échoué, mais sans prétention je pense avoir été loin d'être lamentable sur ce coup-là. Le défis promettait tout de même d'être chaud à relever, je n'ai aucune expérience de la montagne, et surtout je n'ai pas marché dans la poudre depuis mon dernier bonhomme de neige en 1998. Je vais organiser ce post en trois chapitres, étant donné que le calvaire s'est déroulé en trois jours.

1ER JOUR

Nous arrivons le matin au camp de base à 4700m. Je fais équipe avec une irlandaise (dont je serais totalement incapable d'écrire correctement le prénom) qui semble déjà bien mal en point par une récente turista, notre guide se nomme Félix. Un couple de suisse, Manuel et Franceska (ça doit s'écrire comme ça), vont également partager mon aventure, mais avec un autre guide, Alex. Ne vous laissez pas tromper par les prénoms européens de nos accompagnateurs, ce sont des boliviens de premier choix. Nous croisons des belges ayant réussi l'ascension le matin même, ils nous affirment pourtant ne pas être sportifs pour un sou, deux jours après je dirai : mes couilles ! L'après-midi nous partons tous les six vers un glacier à 4900m afin de goûter aux joies de la grimpette avec des crampons, et aussi de découvrir le "Ice climbing", plus communément connu comme de l'alpinisme. Je m'amuse comme un petit fou, je suis plutôt à l'aise avec les crampons, et je n'ai aucun soucis à grimper le glacier d'environ sept mètres avec les piolets. Bon par contre, ce n'est pas trop le cas de mon irlandaise dont l'état de santé laisse peu de chance à une possible ascension deux jours plus tard. La journée se termine au refuge, à mastiquer des feuilles de coca (bordel dire que je risquerais la peine capitale dans mon pays) et à boire des matés, il fait un froid de loup, couché à 20h.

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2EME JOUR

Départ le matin pour 500m de dénivelés avec tout le matos dans le dos, autant vous dire un bon 18kg (même si je n'ai strictement aucune idée du poids). Sur la feuille de l'agence c'est écrit trois heures, on foutra deux fois moins de temps, peut-être la raison pour laquelle j'en ai chié comme pas deux. Ma coéquipière est totalement à la traîne, afin d'éviter de terminer rapidement à trois pour un guide le lendemain (qui pénaliserait tout le monde en cas d'un seul abandon), je souhaite secrètement au plus profond de moi même qu'elle décidera de ne pas prendre le chemin du départ. Nous arrivons donc à 5130m d'altitude exactement, au refuge Rock Camp. L'après-midi sera consacré au repos, à se chouter une nouvelle fois de coca, et à faire le vide en écoutant pour ma part le dernier Segara. Ça caille vraiment sa race, nous sommes tous blottis bien habillés dans nos sacs de couchage. A cet instant, je ne sais vraiment pas quoi penser du lendemain, vais-je réussir mon défis ? Le seul truc que je sais, c'est que je ne me sens pas trop mal, l'altitude n'ayant pas raison de moi. Repas à 17h, couché à 18h, hum ...

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3EME JOUR

Réveil à minuit. Je suis chaud bouillant les dix premières minutes, et nerveux comme jamais par la suite. Je m'énerve pour rien, perds quatre fois mes gants, n'arrive pas à déféquer, chute dans tout ce qui se trouve sur mon chemin, et finis par aller téter mon pouce à l'abris des regards, bref, la routine. A 1h, c'est le grand départ, nous devons partir un quart d'heure avant nos suisses en cas d'abandon précipité de ma partenaire. Par chance, celle-ci décidera sagement de faire marche arrière à peine sortie du refuge. Dès les premiers mètres, la messe est dite, ce ne sera que de la montée n'étant pas là pour décortiquer les huîtres, et le tout dans la neige évidemment. Sérieux, au bout d'une heure, je prends enfin conscience du merdier dans lequel je me suis fourré, cette ascension est vraiment difficile pour moi. Autant ma respiration est bonne, autant mes jambes commencent à me faire souffrir. Mon moral commence également à me trahir, je m'énerve à chaque fois que mon piolet s'enfonce entièrement dans la neige et qu'il manque de me faire chuter. Comme à l'accoutumé , je commence à me plaindre, et Félix de me répondre : "Camille, tu es à la montagne, pas à la plage". Je perds toute confiance en ma capacité à terminer l'ascension lorsqu'Alex nous annonce que nous sommes seulement à la moitié du parcours. Je n'ai plus d'énergie, j'ai besoin de faire régulièrement des pauses pendant lesquelles je gèle sur place. Les suisses paraissent eux en grande forme, ils s'avèrent être des putains de sportifs et me distancent de plus en plus. A bout de force, je préviens Félix que je n'en peux plus et que je souhaite faire demi-tour, il m'annonce que nous sommes à moins de 10 minutes des 5800m d'altitude. Cela sera mon dernier palier, c'est un peu déçu mais quand même fier de ma performance que nous rebroussons chemin. Lors de la descente, le jour se lève peu à peu, et je me rends alors compte des crevasses que nos guides nous ont fait éviter, et surtout de cette saloperie de montée infernale qui ma totalement vidé, notamment l'épisode "Ice-climbing" qui m'avait certainement achevé. J'arrive à 6h au refuge, je m'effondre dans mon plumard de fortune. Vers 8h30, Manuel et Franceska reviennent presque victorieux, les deux ayant échoué à quelques mètres du sommet, c'est pour dire :)

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Bondieu que ce post fut long, mais je pense que cela était nécessaire afin de vous faire vivre cette aventure inoubliable (#fiotte).

 

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Commentaires
M
sacré défi ! et tu t'en sors très honorablement.<br /> <br /> De mieux en mieux. Sportif accompli.<br /> <br /> A ton retour, tu vas pouvoir d'attaquer au Mont Blanc.<br /> <br /> Les photos sont vraiment superbes.
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